lundi 30 août 2010

MÉDIATION GÉNÉRALISTE


RÉFLÉCHIR POUR LES ENFANTS,
TRAVAILLER POUR LES ENFANTS


DOSSIER "RÉFLEXION ET TRAVAIL AU PROFIT DE L'ENFANT" 
TÉMOIGNAGE DANS LE CADRE DE L'AFFAIRE D'OUTREAU DOMINIQUE WIEL


HORIZONS MEDIATIONS, dans le cadre de son travail de recherche et de réflexion au profit de l'ENFANT, a organisé le 20 janvier 2007 dans les locaux du Centre Universitaire un témoignage de Dominique WIEL.

Dominique WIEL, prêtre à Outreau a été un des accusés de cette affaire avant d'être innocenté.

Avant de vous faire partager cette journée, il semble important de faire un point rapide sur cette affaire :

CHRONOLOGIE 
(établie à partir de la presse écrite et des témoignages des accusés)

 Les enfants DELAY étaient placés dans des familles d’accueil : l’aîné depuis 1998, les 3 autres depuis février 2000.

- 5 décembre 2000 : Les services sociaux de Boulogne-sur-mer signalent au procureur de la République de probables agressions sexuelles de trois enfants par leurs parents, Thierry et Myriam DELAY, pendant les week-ends.
13 décembre 2000 : Deux des enfants confient à leur assistante maternelle que d’autres personnes faisaient “ la même chose “ et citent une demi-douzaine de prénoms, dont ceux de voisins.
-  4 janvier 2001 : Une enquête est confiée à la police de Boulogne-sur-mer qui établit les identités de personnes de l’entourage des DELAY. Les enfants DELAY citent d’autres enfants victimes de sévices.
-   20 février 2001 : Thierry et Myriam  sont interpellés. Tous deux nient, puis très vite Myriam avoue et prétend que son mari la contraignait. Elle « charge » principalement son mari, qui continue de nier. La perquisition à leur domicile permet de trouver  61 cassettes de films d’horreur, 168 cassettes pornographiques et du matériel adéquat.
 Début Mars : Aurélie GRENON raconte des soirées d’ébats sexuels chez Thierry et Myriam avec son  compagnon David DELPLANQUE, Thierry DAUSQUE et d’autres.   Trois d’entre eux sont écroués le 6 mars. Seul Thierry DAUSQUE crie son innocence lors de cette incarcération.
6 mars 2001 : La police vient chercher une vingtaine d’enfants à leur domicile, à 6 heures du matin ; elle les emmène ensemble au commissariat où elle les interroge toute la journée.

La « rumeur » se développe dans le quartier, où certains commencent à parler de « réseau » pédophile.

- A partir de janvier 2001 : Un des enfants DELAY cite à quatre reprises un dénommé « Marc DOUCHIN, le boulanger ».  À la cinquième liste de noms cités par cet enfant, cela devient « Marc Douchin, le boulanger et son épouse » !
Courant mars 2001 :  Sur présentation d’une photo de Roselyne GODARD, il déclare qu’elle est  l’épouse de Marc DOUCHIN, le boulanger, et qu’ils ont six  enfants !Ce Marc DOUCHIN n’a jamais été entendu des services de police, et Roselyne GODARD n’a qu’une fille.
- 11 avril 2001 : Roselyne GODARD, devenue dans les P.V.  « la boulangère », se rend à une convocation au commissariat ; elle crie son innocence, mais est écrouée.
2 mai 2001 : Myriam BADAOUI, détenue depuis plus de deux mois, accuse des voisins de viols sur 14 enfants. Ces enfants, interrogés sans précaution, comme l’ont été les adultes, confirment.
28 mai 2001 : Franck et Sandrine LAVIER, des voisins, sont interpellés. Ils crient leur innocence, mais sont écroués.
25 juin 2001 : Une assistante sociale rapporte les propos des enfants DELAY : leurs parents « risquant gros » il n’y a «  pas de raison  » pour que les autres adultes qui «  leur ont fait mal » ne soient pas punis. Durant cette période, les enfants sont interrogés de nombreuses fois par la police. Leurs récits détaillés mettent en cause de plus en plus de personnes.

Au cours de l’été 2001 : Dominique WIEL perçoit dans le quartier des signes que des ragots circulent sur son compte. D’autre part, les responsables d’une association, dont il est membre du Conseil d’administration, sont avertis des soupçons qui pèsent sur lui par les autorités du service d’aide à l’enfance. Il leur est demandé expressément de tenir cette information secrète. À cette époque, dans l’un de ses nombreux courriers adressés au juge, Myriam BADAOUI se plaint auprès de lui : « Vous voulez que je mente… ». Elle évoque des promesses que le juge lui a faites et qui n’ont pas été suivies d’effet.
- 27 août 2001 : Un des enfants DELAY raconte au juge d’instruction des voyages en Belgique, en taxi, pour aller chez  « Dany le Grand  » Ses frères confirment. Leur mère, Myriam, confirme aussi et accuse en plus un huissier de justice et son épouse infirmière scolaire (Alain et Odile MARÉCAUX ), le prêtre-ouvrier voisin (Dominique WIEL),  un ouvrier métallurgiste (Daniel LEGRAND) et son fils (prénommé aussi Daniel), un chauffeur de taxi d’Outreau (Pierre MARTEL), le médecin traitant de la famille DELAY (Frédéric LECLERCQ) et  une autre infirmière (Catherine LEPERS),  ainsi que de nombreuses autres personnes qui ne semblent pas avoir été inquiétées.
- 14 novembre 2001 : Les six  premières personnes citées sont interpellées et poursuivies. Leurs noms sont livrés à la presse, qui les publie  Il faut souligner ces « fuites », qui autorisèrent la presse à parler d’un « réseau »… avec ramifications en Belgique…
- 13 décembre 2001 : Un mois après que tous les noms ont été publiés dans la presse locale et nationale, J...  (2ème fils Delay ) comparaît pour la première fois devant le juge d’instruction  : il cite 23 adultes et parle de sa « maison », de la « ferme » en Belgique « qu’on a pu voir dans le journal et à la télé » comme lieux où se seraient déroulés les faits.
-  4 janvier 2002 : Daniel LEGRAND (fils) adresse un courrier au juge d’instruction et à FR3-Lille où il parle d’une petite fille belge battue à mort par Thierry DELAY. Il avouera plus tard en avril que c’était un mensonge inventé pour piéger Myriam BADAOUI.
- 10-11 janvier 2002 : Le SRPJ creuse pendant deux jours les jardins du quartier où aurait été enterré l’enfant et ne trouve rien. La police belge ne signale aucune disparition d’enfant. Après enquête sur le terrain avec les enfants accusateurs, elle conclut que ce pseudo crime est une invention des enfants. Les policiers belges comprennent qu’il s’agit de fabulations, et ils l’écrivent à leurs collègues français.
- 15 janvier 2002 : Lors de la convocation de Myriam BADAOUI, du couple DELPLANQUE -GRENON, de Dominique WIEL et de Daniel LEGRAND (fils), ce dernier confirme qu’il ne connaît pas Dominique WIEL  alors que le juge d’instruction voudrait le lui faire reconnaître.
- Janvier 2002 : Confrontation entre adultes accusateurs et Pierre MARTEL en présence de Daniel LEGRAND  (fils). Celui-ci déclare que les DELAY  lui avaient dit d’accuser certaines personnes pour avoir moins de peine, dont Pierre MARTEL et Dominique WIEL.  Peu après, il se rétractera, puis expliquera avoir fait ces déclarations et rétractations pour « coincer » Myriam BADAOUI.
- 19 février 2002 : Christian GODARD, devenu « le mari de la boulangère », est écroué malgré ses cris d’innocence.
Mai 2002 : Interpellés, Karine DUCHOCHOIS et David BRUNET sont mis en examen malgré leurs cris d’innocence. Enceinte, Karine reste en liberté provisoire, mais David BRUNET est écroué. Leur petit garçon Alexis (né en 1996) est placé dans une famille d’accueil.
- 15 mai 2002 : Le juge d’instruction notifie deux chefs d’inculpation supplémentaires à Dominique WIEL: actes de zoophilie en présence des enfants, actes de torture sur Myriam BADAOUI.
- 9 juin 2002 : L’un des mis en examen, François MOURMAND, en détention provisoire depuis le 20 février 2001, est retrouvé sans vie dans sa cellule.
- 4 mai - 2 juillet 2004 : Procès en Cour d’Assises à Saint-Omer.


LES INCOHÉRENCES DU PROCÈS

Effondrement des accusations de Myriam BADAOUI à l’égard de 13 des 17 adultes accusés. Elle les innocente le 18 mai pour recommencer à les accuser six jours plus tard.
Le 18 mai, elle disait à l’audience: « Je suis une folle, une menteuse, une malade ; j’ai menti sur tout parce que je ne voulais pas qu’on dise que mes enfants sont des menteurs… Monsieur le Président, c’est pas évident de traiter ses enfants de menteurs ».
Le 19 mai, elle ajoutait : « Je sais que j’ai gâché des vies…Ils ne méritaient pas ça… Des gens qui m’ont tellement aidée…J’ai voulu suivre mes enfants, les couvrir, je ne voulais pas qu’on dise qu’ils sont des menteurs ». « J’étais en larmes quand j’écoutais mon fils accuser tout ce monde. Je savais, moi, qu’il mentait. Et quand je l’ai entendu revenir sur cette histoire de bébé dans le placard, les coups de pelle sur la tête, la petite fille tuée dans l’appartement, je me suis dit que c’était trop de mensonges…Vous vous rendez compte : jusqu’où on serait allé, s’il avait donné d’autres noms, si j’avais continué à le couvrir ».
Les témoins rapportent que, dans cet épisode de lucidité, elle n’avait jamais été aussi sereine, et qu’elle n’avait jamais parlé
aussi clairement. Thierry DELAY, son mari, avoue qu’il s’agit d’inceste perpétré par sa femme et lui pendant cinq ans, (avec le couple DELPLANQUE-GRENON  de septembre à décembre 1998), à l’exclusion de tout autre adulte. Il confirme ce qu’il avait écrit au juge d’instruction dès le 17 novembre 2001 ; et David Delplanque le confirme.  D’ailleurs, quand son avocat demande au 3e fils DELAY : « Quelles sont les personnes qui t’ont fait le plus de mal ? »,  l’enfant répond spontanément : « Mon père ! »
Thierry DELAY est condamné à une peine plus lourde que Myriam BADAOUI et ce, malgré les propos des enfants rapportés par une experte, Madame BONNAFFÉ : « Il ne faut pas oublier que c’est ma mère qui organisait tout »…
Spontanément, l’aîné des enfants DELAY indique à l’experte : « J’ai menti pour la boulangère ; je l’ai mise en cause la boulangère sur les dires de ma mère… Maman, elle ment pour qu’elle ne soit pas seule à prendre… Maman, c’est une martyre menteuse ».
Le 23 juin 2004, quand le président de la Cour d’Assises lui rappelle les accusations de sa femme contre les 13, Thierry DELAY répond : « Elle ment », et ajoute « J’étais hors de moi. Je me disais que ce n’était pas possible que ma femme invente tout cela… Mais c’est vrai qu’elle aimait bien raconter n’importe quoi… Je l’ai mal vécu qu’ils soient restés en prison pour rien…J’étais content quand ils ont été libérés. »
Dans une lettre de Thierry Delay à Myriam, le président de la Cour lit : “ Arrête de balancer n’importe qui “.
La conclusion d’une experte psychologue est que les enfants DELAY « n’aiment pas » leur mère.
Elle rapporte leurs propos : « celui qui est le plus sincère, c’est mon père ».
La Cour a laissé l’accusatrice, Myriam BADAOUI, pourtant totalement décrédibilisée, troubler l’audience a de nombreuses reprises, au point d’empêcher que s’expriment certains témoins, puisque la seule réaction du Président était alors la suspension de séance… avant de passer à autre chose. Ainsi plusieurs éléments d’élucidation n’ont pas été entendus par la Cour.
 -  Le procès a mis en évidence plusieurs incohérences de l’accusation :
Un enfant de 8 ans aurait été violé à une date où il n’était pas né ! Une enfant de 11 ans se plaint d’avoir été violée par 3 adultes en même temps, et elle est vierge !
 -   Les affirmations des enfants sont contredites à plusieurs reprises par la réalité : -     R. D. (11 ans) affirme avoir vu la télé chez Dominique WIEL, alors que celui-ci n’a  jamais eu la télévision.-    Jean-Marc COUVELARD, adulte handicapé mis en cause par les enfants, et qui bénéficie d’un non-lieu en raison de son état de débilité reconnu, est appelé à la barre, accompagné de sa mère. La Cour a alors sous les yeux la démonstration que le récit de faits totalement imaginaires existait  dans les premières accusations des enfants. Et cela n’empêche pas les enfants de continuer de l’accuser, à l’audience ! …
 À l’audience, les réponses des enfants aux questions qui leur sont posées restent souvent vagues,  alors que leurs dénonciations rapportées dans les actes étaient plus précises : Quand un avocat demande à A. R. (15 ans) s’il reconnaît dans la salle d’audience des personnes qu’il a accusées, il hésite longuement… jusqu’à ce qu’une avocate d’une Association partie civile, assise à côté de lui, lui souffle « LAVIER» … ce qu’il s’empresse de répéter !
-  Le «  réseau » de proxénétisme attribué aux 13 accusés n’a jamais été établi, ni l’existence de la  « ferme » en Belgique. L’avocat général insinue cependant une entreprise de prostitution, dans son réquisitoire.
 -  Les accusations de « tortures » et « actes de barbarie », retenus par le juge BURGAUD sont abandonnées par l’avocat général LESIGNE.  Or ce magistrat est le procureur de Boulogne-sur-mer qui a soutenu l’instruction du juge BURGAUD.

La Cour a aggravé lourdement les peines demandées par l’avocat général.
Mais, plus incompréhensible : en l’absence de preuves, elle condamne 6 innocents sur la foi des mêmes accusations portées contre les 7 autres qu’elle innocente. Encore plus incompréhensible, elle condamne plus lourdement certains de ces innocents que deux des accusés qui ont avoué.
Ce procès est  une catastrophe pour la société. Tout simplement parce que l’institution judiciaire s’est montrée incapable de respecter les valeurs de vérité et de justice pour lesquelles elle est faite. On a bafoué la vérité, et on l’a bafouée depuis le début de l’instruction. On est allé à un procès. La fonction d’un procès est de rendre la justice, et la justice n’a pas été rendue.
Dominique WIEL est donc venu "parler" "échanger" après l'épreuve de sa vie :

"J'ai refait tout le chemin depuis le début de mon enfance au séminaire, de l'Action catholique ouvrière à la lente ghettoïsation de la Tour du Renard. Ce qui m'a permis de comprendre comment avait pu naître l'effroyable malentendu d'Outreau et comment je m'étais retrouvé pris dans les filets d'une institution judiciaire complètement ignorante de la réalité quotidienne des gens les plus pauvres, et dramatiquement claquemurée dans ses pompes et ses certitudes" Dominique Wiel
Après de nombreuses conversations téléphoniques, c'est le moment d'aller le chercher à la gare.










et après un moment de concentration,



 












et Dominique WIEL ne ménagera pas ses cordes vocales, il racontera et répondra à toutes les questions






avant d'entamer une série de dédicaces qui seront souvent prétexte aux confidences surtout lorsque l'on retrouve un "pays".






Après l'effort, le réconfort autour d'un buffet. Les commentaires iront bon train....


Nous terminerons cette rencontre par un dernier échange autour d'une bonne table.





Suite à cette première journée, nous mettons en place une suite du travail qui nous amenera à réfléchir à l'enfant et sa parole, sur la façon dont nous l'entendons et ce que nous en faisons.

Nous vous informerons du contenu du programme et surtout des professionnels qui viendront nous rejoindre dans cette réflexion.


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